Sherlock Holmes closed his eyes and placed his elbows upon the arms of
his chair, with his finger-tips together. "The ideal reasoner," he remarked,
"would, when he had once been shown a single fact in all its bearings, deduce
from it not only all the chain of events which led up to it, but also all the
results which would follow from it. As Cuvier could correctly describe a whole
animal by the contemplation of a single bone, so the observer who has
thoroughly understood one link in a series of incidents, should be able to
accurately state all the other ones, both before and after. We have not yet
grasped the results which the reason alone can attain to. Problems may be
solved in the study which have baffled all those who have sought a solution by
the aid of their senses. To carry the art, however, to its highest pitch, it is
necessary that the reasoner should be able to utilize all the facts which have
come to his knowledge; and this in itself implies, as you will readily see, a
possession of all knowledge, which, even in these days of free education and
encyclopædias, is a somewhat rare accomplishment. It is not so impossible,
however, that a man should possess all knowledge which is likely to be useful
to him in his work, and this I have endeavored in my case to do. If I remember
rightly, you on one occasion, in the early days of our friendship, defined my
limits in a very precise fashion."
|
Sherlock Holmes ferma les yeux, plaça ses coudes sur les bras du fauteuil,
et joignit le bout de ses doigts.
— Le logicien idéal, dit-il, dès qu’il a connaissance d’un fait dans
tous ses détails, devrait non seulement en déduire la suite des événements
qui l’ont précédé, mais aussi toutes les conséquences.
« De même que Cuvier pouvait décrire un animal tout entier par la
seule étude d’un os, de même l’observateur, qui a bien examiné un
événement pris dans une série, devrait être capable de déterminer tous les
autres, ceux qui précèdent comme ceux qui suivent. Nous n’avons pas encore
saisi les conséquences auxquelles la raison seule peut nous amener. On peut
résoudre par l’étude certains problèmes qui ont défié les efforts de la
seule raison. Toutefois, pour arriver à la perfection de l’art, il faut que
le logicien soit capable de tirer parti de tous les faits portés à sa
connaissance ; ceci implique, comme vous allez le voir, une science
profonde, chose rare même à notre époque d’enseignement gratuit et
encyclopédique. Il n’est pas impossible cependant qu’un homme arrive à
connaître tout ce qui est nécessaire à sa profession ; je puis dire que
tel a été le but de ma vie. Si j’ai bonne mémoire, vous avez un jour, au
début de notre amitié, défini et limité ma science d’une façon très
précise.
|